L'ami de mon père - une histoire de Pâques

L'ami de mon père - une histoire de Pâques

© James Shepard flickr.com / Libre de droits

L’histoire de la résurrection de Jésus, racontée par la fille de Jaïrus (voir Luc 8 :41). (7200 caractères).

Ce dimanche, la servante venait de se lever, les premiers bruits de la maisonnée résonnaient, les sabots sur les pavés indiquaient que quelqu’un était allé chercher de l’eau au puits. L’âne raclait le sol dans l’attente d’être détaché pour aller dans son coin d’herbe.

Le jour se levait, cependant, nous avions tous des cœurs douloureux et tristes. Les parents venaient de perdre un ami très cher. Combien ils avaient été heureux de le connaître, de partager un repas avec lui dans notre salle, ils lui étaient si reconnaissants de m’avoir guérie. C’est vrai, que sa venue à la maison avait fait grand bruit. Imaginez, j’étais étendue sur mon lit, très malade, mes tantes et voisines pleuraient déjà ma mort. Ma mère avait demandé à notre fidèle serviteur d’avertir mon père… que cela ne servait plus à rien de déranger le Maître… il était trop tard.

Maman était désespérée, elle se tordait les mains de douleur, son visage était ravagé par les larmes qui ne cessaient de couler. On m’avait alors parfumée et vêtue de ma plus belle robe, coiffé mes cheveux en les étalant sur la couverture piquée que maman m’avait terminée pour mes douze ans.

Car, j’étais déjà une jeune fille, depuis que j’avais été acceptée à la synagogue. Mes parents m’avaient même déjà choisi un mari. Ma vie était tout organisée, je préparais déjà mon trousseau.

Papa voulait que je continue d’étudier avant mon mariage, il disait que cela serait important de pouvoir, plus tard, apprendre moi-même à mes enfants à lire et à écrire.

Alors, je continuai d’avoir des leçons d’araméen et aussi d’hébreu. J’aimais dessiner les courbes de l’alphabet, j’y trouvais du plaisir et aussi de la satisfaction. Je me sentais appréciée et cela me permettait d’avoir plus confiance en moi. Mon désir secret était de pouvoir devenir une enseignante et de former d’autres filles qui n’avaient pas l’opportunité comme moi d’apprendre davantage.

Mais, ce jour-là, où tous pleuraient ma mort… mon père est arrivé avec le Maître, qui a deman-dé à tout le monde de sortir de ma chambre, d’arrêter de pleurer… car selon lui, je n’étais pas morte, mais je dormais !

Maman m’expliqua, qu’elle aussi doutait de ses paroles, car le médecin lui avait déjà confirmé mon décès. Mais l’ami de mon père continua, avec autorité à dire qu’il voulait me voir seule avec mes parents.

Je me souviens seulement d’avoir ouvert les yeux, d’avoir entendu sa voix, quand il demanda à ma mère de me donner à manger. Je n’ai plus jamais senti les maux de tête si douloureux que j’avais ressentis avant de m’endormir la dernière fois. Alors, les pleurs cessèrent donnant place à beaucoup de joie et un profond respect se fit sentir dans toute la maison. Chacun de ceux qui se moquaient, il y a encore si peu de temps… devinrent muets et une atmosphère de reconnaissance, de joie et de paix régna dans notre maison.

Depuis ce jour, mon père sortait souvent pour aller l’écouter, parfois, il restait même plusieurs jours sans revenir, car il avait décidé d’accompagner son ami pour profiter de ses enseignements. Quand il revenait, il était différent, il nous rapportait ses paroles, expliquait qu’il faisait des miracles, que son autorité était même reconnue par les docteurs de la loi, qui ne savaient pas comment lui répondre, tellement sa sagesse était profonde. C’était vraiment un homme de Dieu, un grand prophète.

Mais pour le plus grand désarroi de tous, des hommes ont cherché à le faire mourir. Ils disaient qu’il blasphémait, qu’il se prenait pour Dieu… alors après un jugement sommaire, ils incitèrent la foule à le crucifier, il semblerait même que l’un de ses disciples l’ait trahi  pour de l’argent. Alors, il fut crucifié, il mourut sur une croix, au milieu de deux brigands. Mes parents étaient réellement anéantis. Comment un homme qui avait fait tant de bien pouvait être ainsi rejeté…? Personne n’osa s’opposer à ce jugement, et les quelques disciples ou amis qui osèrent le faire, furent frappés et expulsés de la cour où il était jugé. Et maintenant, voilà déjà trois jours qu’il était mort. Les soldats avaient reçu l’ordre de garder son tombeau, parce que les dirigeants du peuple avaient peur que ses disciples enlèvent son corps… car il avait dit qu’il ressusciterait ! Ma mère, avec quelques femmes, avait décidé d’aller embaumer son corps au tombeau.

Pendant que tout était encore calme, j’entendis ma mère appeler sa voisine et lui chuchoter quelque chose tout bas. Ensuite, elle revint à la maison chercher un flacon qu’elle gardait précieusement, salua mon père qui lui donna sa bénédiction et lui ouvrit la grande porte en bois, vérifia bien que sa voisine était aussi prête et leur dit à toutes les deux : 
« Faites ce qu’il convient pour donner le plus de confort à notre ami. Ne vous attardez pas en chemin et revenez aussitôt, car les routes ne sont pas très sûres ces jours. Si les soldats sont encore près du sépulcre… attendez qu’ils partent pour ne pas être incommodées par eux. » 

Je les vis partir, j’aurais bien aimé les suivre… mais mon père refusa. Comme il avait un visage tellement abattu, je n’osai pas m’opposer à sa décision et obéis. Pour essayer de le consoler, je suis allée moi-même chercher de l’eau fraîche au puits pour lui. Quand je m’approchai avec ma cruche à la main, il se contenta de caresser mes cheveux et me répondit qu’il n’avait pas envie de boire. Il était vraiment trop accablé.

Le soleil montait dans le ciel, sa chaleur commençait à se faire sentir jusque dans notre cour intérieure. J’appréciais ces rayons, car, c’est vrai qu’après avoir écouté mon père nous commenter la mort si atroce que son ami avait subie… la tristesse avait envahi mon cœur aussi. Alors, ces doux rayons mettaient comme un baume dans mon cœur et l’image de celui qui m’avait guérie m’apportait comme une consolation. Son visage si doux et serein revenait à mon esprit.

Pour me réconforter, je retournai à mes écrits… cela me permettait de m’évader de cette tristesse si écrasante. Toute la matinée mon père guetta le retour de ma mère, son anxiété était palpable… le moindre bruit de pas le faisait réagir. Et soudain, des voix se firent entendre du dehors. Nous nous précipitâmes jusqu’à la porte… et restâmes stupéfaits… le visage de ma mère était rayonnant, un grand sourire illuminait sa face toute entière. On aurait dit qu’elle dansait… et sa voisine aussi !

Elles entrèrent et, après avoir soigneusement refermé la porte, elles n’arrêtaient pas de répéter… Il est ressuscité, nous l’avons vu !!! Il nous a demandé d’aller parler aux disciples… mais quand nous sommes arrivées dans leur lieu secret, ils nous ont traitées d’insensées ! Personne ne nous a crues.

Mais, le Maître nous l’avait annoncé… alors, nous sommes revenues jusqu’ici, car il a dit qu’il apparaîtrait directement aux disciples… qu’il fallait attendre un signe précis de sa part. Le message qu’il leur avait recommandé était de ne pas quitter Jérusalem, et d’attendre ensemble. Car il promit qu’il reviendra les visiter : « Bientôt vous serez revêtus avec la force de mon Esprit pour vous rendre capables d’être mes témoins… jusqu’au bout du monde. » Alors nous attendons avec une immense paix dans le cœur. 

Celui que les hommes ont crucifié n’a pas été vaincu par la mort… IL EST RESSUSCITÉ ! 

Auteur
Major Arlette Reichenbach

Publié le
13.6.2019