Faire route avec son prochain

Faire route avec son prochain

© [Ananabanana]_flickr.com / Droits limités

Article de Gabrielle Desarzens sur myfreelife.ch, à l'occasion de la première journée de rencontre entre aumôniers évangéliques romands.

La première journée de rencontre entre aumôniers évangéliques romands s’est tenue mardi 30 avril à Areuse (NE) en présence d’une vingtaine de professionnels, qui ont fait connaissance et réfléchi ensemble à leur métier en mutation. « La posture du témoin est pour moi fondamentale », leur a déclaré à cette occasion Thierry Collaud, médecin et professeur d’éthique à l’Université de Fribourg, invité pour l’après-midi.

Le témoin est celui qui est enraciné, qui a rencontré quelqu’un et qui est habité par lui, estime Thierry Collaud. Et ce témoin, il peut aller dans des lieux qui ne sont pas forcément des lieux d’église. « S’il veut témoigner que la maladie, la mort n’ont pas le dernier mot, il ne peut être alors un simple fonctionnaire : il doit transmettre ce qui l’habite. » Pour le professeur d’éthique, le métier d’aumônier est à un tournant, certes. On cherche à le professionnaliser et à le déconfessionnaliser. « Mais si on y arrivait, et qu’on n’avait plus que des intervenants en soins spirituels comme on dit au Canada par exemple, je suis presque sûr que les églises auraient alors à trouver une autre manière d’apporter un témoignage. Parce qu’un professionnel du spirituel, je n’y crois pas tellement. »

 

Deux termes complémentaires

Si l’incitation à ce que l’aumônier devienne « plus professionnel, moins confessionnel », en référence à de nouvelles formations qui battent actuellement leur plein comme le CAS1 à Lausanne, en fait réagir plus d’un, tous les participants à cette journée du 30 avril se sont néanmoins montrés prêts à trouver un modus vivendi qui satisfasse les institutions qui les emploient. Pour Christine Volet, Officière de l’armée du salut et membre du bureau de la FEV (Fédération évangélique vaudoise), les deux termes sont complémentaires et n’ont pas à être mis en opposition : « Les qualités professionnelles sont importantes, mais l’appartenance à une confession et le fait que nous soyons chrétiens l’est tout autant ! »

 

Cheminer avec

Christine Volet avait au préalable ouvert la journée en demandant à chaque participant de se présenter au moyen d’une chaussure que chacun avait dû choisir pour illustrer sa pratique professionnelle qui consiste bel et bien à cheminer avec son prochain. Gilles Gaillard, aumônier en psychiatrie à Genève, avait ainsi amené une chaussure de montagne, pas très propre : « Cela symbolise bien mon travail. Je vais là où ça ne sent pas toujours très bon... et je marche avec chacun à son rythme. » Sandrine Rey, aumônière auprès de sportifs de haut niveau a parlé, elle, en montrant une chaussure de grimpe, de l’équilibre qu’elle doit à chaque fois trouver avec les personnes en face d’elle. Une chaussure à crochet pour VTT en main, Olivier Cretegny, ancien aumônier à Praz-Soleil à Château-d’Oex et président de la FEV, a ensuite évoqué sa foi qui l’a tenu attaché à son ministère, symbolisé par le vélo ; « une foi qui croit que Jésus peut transformer des vies. »

 

Belle palette d’activités

Cette première journée de rencontre entre aumôniers évangéliques romands a mis en lumière une belle palette d’activités différentes et des partages riches entre des professionnels actifs dans des structures médicales, dans des prisons, mais aussi en entreprise ou dans le milieu sportif. L’exercice 2019 devrait, sans surprise et à la demande de tous, se répéter l’année prochaine.

1 En lien avec le CHUV, une nouvelle formation universitaire propose à Lausanne une spécialisation en accompagnement spirituel avec un CAS à la clé (Certificate of Advanced Studies).

 

Vers l'émission radio

 

 

Crédit photo : [Ananabanana]

Licence Creative Commons (CC BY-NC-SA 2.0)

Auteur
Gabrielle Desarzens sur myfreelife.ch

Publié le
8.5.2019