De la permaculture pour évangéliser

De la permaculture pour évangéliser

© Sébastien Goetschmann / Libre de droits

Au Poste de Malleray a débuté un projet de jardins en permaculture, cultivés notamment par des personnes du village dans le besoin.

Aujourd’hui, comme tous les jeudis, le Poste de Malleray accueille une dizaine de personnes pour le repas social. En entrée, une soupe à la courge, récoltée le jour même dans un des bacs de permaculture qui longent la façade du bâtiment. « Depuis que nous avons vu le documentaire Demain, nous avons entamé une réflexion globale sur notre façon de vivre », explique le capitaine Yanick Termignone, officier du Poste. « Et surtout, nous avons voulu savoir ce qu’en dit la Bible. Consommer local, réduire son empreinte écologique, supprimer les pesticides dans l’agriculture, … ce sont des questions de société auxquelles nous devons répondre en tant que chrétiens, si nous voulons être pertinents pour la jeune génération. D’ailleurs, dans la Genèse, la première mission que Dieu a donnée à Adam est de cultiver et prendre soin du jardin d’Eden. Avec la permaculture, l’investissement est moindre pour de bons résultats. »

Ainsi, les capitaines Roxana et Yanick Termignone ont créé un espace de jardinage et aménagé plusieurs bacs de 1m20 sur 80cm pour accueillir plants de tomates, carottes, oignons, salades, courges et courgettes, herbes aromatiques, … « Pour le moment nous en sommes encore à l’expérimentation de ce qui fonctionne ou non », poursuit Yanick Termignone. « Mais on sait qu'il y a des plantes qui s’associent bien. Par exemple, en semant une ligne de carottes à côté d’une ligne d’oignons, l’odeur des oignons va repousser la mouche de la carotte et vice-versa. Ou encore, la milpa qui est peut-être la plus connue des associations de cultures. En associant maïs, haricots grimpants et courges, le haricot permet de fertiliser le sol en fixant l'azote de l'air par ses racines, le maïs sert de tuteur pour le haricot, et les feuilles de la courge couvrent le sol et en conservent l'humidité. En utilisant les bonnes associations de légumes, chaque plante reçoit les meilleures conditions pour croître, sans avoir besoin de recourir aux pesticides. C'est aussi le cas pour notre vie spirituelle. Si nous voulons grandir et porter du fruit, nous avons de bonnes personnes qui nous y aident comme la Bible nous l'enseigne par exemple avec l'image du corps en 1 Corinthiens 12. » Et pour compléter la démarche, de l’autre côté du bâtiment, quelques poules gambadent gaiement. Leur fumier est utilisé pour fertiliser les jardins et les œufs servent par exemple à confectionner des gâteaux, comme celui aux pommes servi aujourd’hui en dessert.

 

Faire vivre le quartier
Au-delà de l’aspect écologique de la démarche, il y a une réelle volonté de poursuivre la mission de l'Armée du Salut de soulager les détresses et annoncer l'Évangile. « Nous sommes toujours focalisés sur notre prochain », assure Yanick. « Non seulement les légumes nous servent pour les repas du jeudi, mais avec ces jardins, nous désirons aussi apporter une émulation dans le quartier. Il y a pour le moment quatre personnes du village qui viennent régulièrement nous aider à les cultiver. Ce sont des personnes qui ont peu de moyens ou qui sont suivies par le service social. Cela leur permet de faire quelque chose d’utile et elles peuvent prendre les légumes dont elles ont besoin. De notre côté, cette activité nous permet d’entrer en relation avec ces personnes, de discuter, partager avec elles, et pourquoi pas les inviter à une autre activité du Poste. Je suis persuadé que notre manière de vivre est aussi un moyen d’évangélisation. »

Auteur
Propos recueillis par Sébastien Goetschmann

Publié le
10.8.2018