Armée par la tendresse de Dieu
Armée par la tendresse de Dieu
La major Sylvette Huguenin s’épanouit depuis 2013 à la tête de la Division Romande de l’Armée du Salut.
Ce poste à responsabilités lui permet de faire des rencontres enrichissantes tout en servant un Dieu devenu tout proche de son cœur au fil des épreuves. Rencontre.
En quoi consiste votre cahier des charges au sein de l’Armée du Salut (AdS)?
À superviser le travail des dix-sept Postes (Églises) de l’AdS en Suisse romande ainsi que des projets sociaux ou encore le travail parmi les femmes, les familles et la jeunesse. Le dimanche, je visite régulièrement les Postes et je prêche. J’organise aussi des rencontres pour les responsables ainsi que des rassemblements pour tous les salutistes romands. Une partie de mon temps est aussi consacrée à la collaboration avec les autres Églises évangéliques de la région.
Face aux pressions, comment réagissez-vous?
J’essaie de me dire qu’elles sont normales. J’ai beaucoup lutté contre ma volonté de plaire à tout le monde. Je n’aime pas que les gens soient déçus, mais je dois parfois assumer des décisions qui déplaisent; je ne peux pas toujours expliquer tout ce que je fais. Je me réjouis quand des décisions mal acceptées au départ sont bénéfiques même pour ceux qui y étaient très opposés! J’ai dû apprendre que je n’avais pas pour mission de rendre mes collègues heureux : c’est leur affaire et celle de Dieu!
Comment vous ressourcez-vous?
En priorité dans ma relation avec Dieu, par la prière, l’écoute, la lecture et la méditation de la Bible. Aussi dans la lecture de livres d’enseignement et de témoignages, les échanges avec mes amis proches, les rencontres avec des leaders d’autres Églises avec lesquels je peux partager mes préoccupations. Mes enfants m’encouragent beaucoup et passer du temps avec ma petite-fille de deux ans me fait tant de bien! La plupart du temps, je suis ressourcée simplement en «faisant mon travail» lors de belles rencontres.
Une femme aborde-t-elle autrement qu’un homme un poste à responsabilité?
Probablement. Nous les femmes, nous nous laissons davantage guider par nos émotions, ce qui peut être positif mais risque aussi de nous jouer des tours. Cela nous permet d’investir plus profondément dans les relations sans pour autant perdre de notre autorité. Les femmes sont très courageuses. Certes, pas plus que les messieurs, mais de manière différente. Nous sommes plus polyvalentes et bien souvent, nous pouvons passer de la cuisine, à l’accueil, à l’estrade sans même nous en rendre compte! L’important, c’est qu’il y ait des femmes et des hommes dans les postes à responsabilité. Dieu nous a créés différents non pour être dans nos compartiments, mais ensemble à tous les niveaux : cela fait partie de sa créativité.
Quel est votre rêve quand vous pensez à l’Armée du Salut?
Que Dieu touche nos cœurs pour que nous l’aimions toujours plus. Que nous nous ouvrions à son amour, que nous aimions notre Église et chacune des personnes qui la compose. Que nous ayons un amour pour ceux qui ne connaissent pas l’Évangile de telle sorte que nous ne puissions pas faire autrement que de leur témoigner notre amour et leur parler de Jésus-Christ!
Votre mari médecin est décédé du paludisme alors que vous viviez au Congo-Brazzaville, vous laissant seule avec quatre jeunes enfants. Qu’auriez-vous à communiquer à d’autres mères seules?
Lorsque la tâche nous semble impossible, ce n’est pas un mensonge : ce n’est effectivement pas possible d’y arriver seule. Mais Dieu le sait. Nous pouvons puiser nos forces en lui et faire l’expérience de son aide de mille manières différentes. Je crois que Dieu donne aux mères des forces toutes spéciales! Cependant, nous ne pouvons pas faire de réserve d’énergie à l’avance car celle-ci se reçoit telle la manne des Hébreux dans le désert : chaque matin. Aujourd’hui, je n’ai pas la force pour demain, mais j’ai la force qu’il me faut pour aujourd’hui; et demain, j’aurai de nouveau la force qu’il me faudra.
Un témoignage?
Un jour, me sentant complétement dépassée, j’ai dit à Jésus : «Tu as pourtant promis de ne pas nous éprouver au-delà de nos forces, mais il me semble que là tu t’es trompé dans tes calculs.» Il m’a répondu : «Je ne calcule pas comme toi.» Et j’ai ainsi retrouvé la paix. Nous devons, comme toutes les autres mamans, accepter que nous ne sommes pas parfaites. Nous faisons juste le mieux que nous pouvons avec le meilleur des coachs à nos côtés, notre Père céleste et aussi celui de nos enfants. Quelle réalité extraordinaire!
Qu’avez-vous appris sur Dieu dans cette épreuve?
Son amour inconditionnel. Je peux tout lui dire, autant ma reconnaissance et ma louange que mes tristesses, déceptions, colères, questions. Je me suis beaucoup «bagarrée» avec lui dans mes souffrances (et je me bagarre encore). Et chaque fois, il me confond par sa tendresse. J’avais fait cette prière peu de temps après le décès de mon mari : «Ne permets pas que je t’aime moins quand j’irai mieux.» J’y repense souvent et j’espère l’aimer plus encore chaque jour.
Auteur
Propos recueillis par Sandrine Roulet pour le magazine SpirituElles
Publié le
22.2.2019