12 réflexions sur le Noël des réfugiés

12 réflexions sur le Noël des réfugiés

© Salvation Army IHQ / Droits limités

Noël peut être considérablement différent pour les réfugiés se trouvant dans autre un pays et une culture étrangère à la leur.

Mais comme la lieutenante Paula Mendes le reflète, même dans l’obscurité, la solidarité, la bonté, l'amour et l'empathie prévalent. Voici une histoire vraie de Christ révélé pour ceux qui ont des yeux pour voir ...

C’est une vieille histoire, nous pensons que nous allons enseigner, mais nous finissons par apprendre ; nous pensons que nous allons aider, mais nous sommes aidés. Je partage un peu cette pensée : je suis allée travailler dans l’aide humanitaire et j’ai fini par devenir plus humaine. Voici quelques exemples subjectifs de choses que j’ai apprises, tout en servant les migrants vénézuéliens à Boa Vista dans l’État brésilien de Roraima.

 

1) La pauvreté n’est pas une excuse pour manquer de générosité
Certes, le travail humanitaire nous donne une chance de bénir les autres. Mais mon expérience va au-delà : cela inclus d’être bénéficiaire d’actes de générosité de la part de gens qui n’auraient pas à se justifier s’ils choisissaient de simplement recevoir. Un père apporte son drap pour vous aider à projeter un film. Une mère, après avoir reçu des vêtements de bébé, va dans sa chambre et revient avec d’autres pièces, qui ne vont plus à son enfant, mais qui peuvent convenir à un autre. Un enfant qui, voyant que les sandales de son ami se sont cassées, offre ses propres chaussures pour qu’il n’ait pas à marcher pieds nus dans la rue. Tous ces gens sont des réfugiés et sont pourtant généreux. Ils comprennent tous ce que beaucoup d’entre nous ne peuvent pas : la générosité, la gentillesse et l’amour de notre prochain ne sont pas liés à la condition financière. N’importe qui, n’importe où, peut faire preuve d’amour et de soutien.

 

2) Chaque histoire a plusieurs facettes
Nous avons beaucoup entendu parler des effets que l’arrivée massive des Vénézuéliens avait sur la paisible ville de Boa Vista. Augmentation de la violence, de la prostitution, du surpeuplement des écoles et des postes de soins. Tout cela est vrai. Mais ce que nous ne pouvons pas faire, c’est leur mettre le fardeau de la culpabilité sur le dos pour l’augmentation de la criminalité, par exemple. Beaucoup de gens, y compris les Brésiliens, voient dans la fragilité de leur voisin l’occasion de profiter de la situation. Ainsi, la liste des crimes commis dans cet environnement de crise humanitaire comprend non seulement des délits mineurs tels que les vols et les bagarres, mais aussi des crimes d’extorsion, d’exploitation, de xénophobie et de violences physiques et psychologiques. De nombreuses infractions restent impunies et même insoupçonnées. Attribuer la vague de la criminalité et la violence à un seul groupe de personnes ou blâmer uniquement les réfugiés revient à regarder une seule fraction de l’histoire.

 

3) Nous sommes tous des migrants
Il s’agit des salutations d’un prêtre, alors qu’il commençait son discours lors d’un symposium sur les réfugiés et l’immigration. Toute personne qui trace son arbre généalogique trouvera que, quelque part dans son histoire, l’immigration a été présente. Par conséquent, avant de juger et de condamner ceux qui jouissent du droit universel de migrer, faisons un exercice d’auto-évaluation et reconnaissons que nous sommes tous égaux, vivant seulement à des époques et des cycles migratoires différents.

 

4) Personne ne choisit d’être un réfugié
Cela semble évident. Mais personne ne désire faire le choix de quitter son pays, chercher refuge et avoir à recommencer sa vie, apprendre une nouvelle langue, s’adapter à une nouvelle culture, laissant derrière lui une famille, une histoire, un drapeau. Être un réfugié n’est pas un choix, c’est une conséquence d’une défaillance sociale, d’une crise ou d’un risque. C’est une stratégie de survie. Comme un Vénézuélien que j’ai rencontré dans les rues de Boa Vista m’a dit : « J’ai rêvé de quitter le Venezuela pour voyager, en Espagne, par exemple. Je n’ai jamais pensé ni jamais voulu quitter réellement mon pays. »

 

5) Il y a une gratitude généralisée embarrassante
C’était visible dans beaucoup de situations que j’ai rencontrées. Il y avait de la gratitude, du respect et même de la crainte en voyant les choses mises en place pour les accueillir. Peut-être que la meilleure image a été celle des enfants vénézuéliens, des réfugiés et des indigènes, chanter avec une diction enviable l’hymne national brésilien, lors d’une célébration culturelle. Une image saisissante avec un message profond. Mais parfois, la gratitude a fait du tort. Quand il s’agissait de se plaindre d’une injustice ou d’un mauvais service, beaucoup ne se sentent pas « dignes » à cause de la condition dans laquelle ils se trouvaient. Il y avait aussi un certain découragement face à des réactions telles que : « Vous obtenez quelque chose et vous continuez à vous plaindre ? ». Ou de se voir coller l’étiquette « d’ingrat ». Nous devons revoir le concept des Droits de l’homme, qui est tout à fait différent du concept de bien-être caritatif.

 

6) Personne n’est meilleur que nous tous ensemble
Il y a au moins 25 organisations différentes à Boa Vista, travaillant pour aider les Vénézuéliens. Chacun avec ses protocoles, son modus operandi, ses uniformes, ses règles, son équipe. Originaires d’Italie, de Norvège, des États-Unis, de France. Des noms bien connus et des groupes moins connus. Beaucoup de gens, beaucoup de fonctionnalités et peut-être trop d’excuses pour travailler de manière isolée. Mais ce n’est pas le cas. En fixant un objectif commun, comme célébrer la fête des enfants, les forces se réunissent. Pourquoi chacun hébergerait-il ses propres réunions, alors que nous pouvons nous unir et organiser une grande fête ensemble ? Il y a un esprit de coopération palpable entre les organisations, les agences, les militaires et les bénévoles. C’est l’exemple qu’il est non seulement possible, mais nécessaire de se réunir pour un plus grand bien.

 

7) Des amitiés peuvent naître dans des lieux improbables
Nous recherchons habituellement des amitiés entre égaux. Alors qu’en est-il une amitié entre une trentenaire et une femme septuagénaire ? Ou avec une fillette de 4 ans ? C’est possible. La dame est devenue un excellent partenaire pour les visites guidées, les cafés, l’échange de recettes, les trajets vers l’église, les conseils de voyage et le shopping. La petite fille ? De merveilleuse compagnie pour le petit déjeuner et les fins d’après-midis. Une illustre invitée, qui est apparue dans notre maison tandis que ses parents missionnaires se reposaient de leur travail parmi les indigènes. Et nous nous sommes dit adieu en échangeant des cadeaux et des câlins, certaines qu’une bonne amitié peut se construire même dans les endroits les plus improbables.

 

8) Ce n’est pas toujours ce que nous voulons donner dont les gens ont besoin
C’est un principe fondamental et connu qui doit être rappelé. Il est bon de distribuer des vêtements, des chaussures, des bibles et de la nourriture aux personnes qui en ont besoin. Mais le mieux serait de leur demander avant de donner, selon le conseil biblique « ... ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun » (Actes 2 : 45), et non pas selon notre perception subjective de ce besoin. Nous pourrions être surpris par ce que nous entendons, et d’ailleurs, nous offrons plus que notre aide, nous offrons à la personne la dignité de choisir. « Une paire de lunettes pour ma fille », « une connection à l’Internet », « manger des biscuits », « je ne veux rien pour moi, mais j’ai un ami qui a besoin d’aide », sont quelques-unes des réponses que nous avons reçues et qui nous ont permis de faire plus que ce qui était évident.

 

9) La louange n’a pas uniquement lieu quand il y a les prières et la liturgie
Un après-midi, nous avons été invités par une famille de l’un des abris pour assister à la fête d’un enfant. Une fête simple, mais très gaie, avec de la musique vénézuélienne et une bonne synergie entre tous. Au moment de chanter nos félicitations, l’une des dames a entonné une belle chanson de bénédiction, chantée pour la fille qui avait son anniversaire. Immédiatement, tout le monde a commencé à chanter. En ce moment solennel, j’ai compris que souvent les cultes sont déguisés en fêtes. Elles revigorent, apportent du bonheur, de la communion et de la gratitude. Je pense que c’est pour cela que Jésus aimait tant les fêtes !

 

10) Il est possible de sourire, même dans les situations difficiles
Comme la générosité, le sourire n’a pas à être limité à certaines situations non plus. Et pour ceux qui, comme moi, perdent facilement la motivation de sourire à cause d’un mal de tête, d’une mauvaise journée ou d’une personne irritante, c’est humiliant de voir parmi les réfugiés des personnes avec des histoires aussi dévastatrices, mais toujours souriantes. Comme ce jeune homme, un directeur de ventes au Venezuela, qui s’occupe maintenant de voitures et dort dans la rue pour récolter de l’argent qu’il envoie à son frère atteint du VIH. Ou cette jeune femme, qui a laissé ses deux filles au Venezuela et est venue seule pour tenter sa chance au Brésil. Des histoires racontées avec douleur, mais aussi avec le sourire et l’espoir de ne pas abandonner.

 

11) Les militaires peuvent être dociles et les gens religieux grossiers
La figure d’un militaire peut paraître souvent très sérieuse, imposante, voire menaçante. Cependant, ils sont vraiment garants de l’ordre dans les abris. Ce que beaucoup ne savent pas, c’est qu’à l’intérieur des abris il n’y a pas de soldats armés. Ce n’est que dans les situations d’urgence qu’un groupe armé est appelé. Ce que nous avons vu et constaté, c’est que, au-delà de leur force, il y a aussi de la douceur et de l’humanité derrière les uniformes. Les militaires prennent des selfies avec des enfants, les questionnent au sujet de leurs devoirs, les chatouillent et leur prêtent des stéthoscopes pour qu’ils entendent leur propre battement de cœur. Ils installent des filets de volley-ball, fixent des prises électriques, fabriquent des structures de ciment pour cuisiner. Ils nettoient, organisent, entreposent des bicyclettes. L’uniforme ne définit personne, c’est le cœur qui le fait. La manière la plus simple de faire régner l’ordre pourrait être avec des fusils et des menaces. Mais ces soldats ont démontré une meilleure façon d’atteindre le respect qui va au-delà de la force physique.

 

12) Le chaos n’entrave pas la beauté
Boa Vista est une ville qui connaît encore la crise. Cependant, les parcs sont propres et verdoyants, et ici, Noël illuminé d’une manière des plus festives que j’ai jamais vu. Dans les abris, il y a des arbres de Noël, des peintures sur les murs et de la musique d’ambiance. Les décorations ont été faites par les réfugiés eux-mêmes, il y a même des fleurs. Le chaos ? Sans doute. Mais il y a aussi la beauté, parce que l’un n’annule pas l’autre.

Auteur
Lieutenante Paula Mendes

Publié le
27.12.2018