«L’Avenir, ça a été très important, surtout dans ma jeunesse»

«L’Avenir, ça a été très important, surtout dans ma jeunesse»

Pierre-André Combremont, salutiste du Poste d'Yverdon-les-Bains, parle de sa passion pour la fanfare dans le journal La Région.

Yverdon-les-Bains – Centenaire cette année, la fanfare a écrit à ses anciens membres pour les convier à des festivités. à 81 ans, Pierre-André Combremont se souvient avec émotion des premières notes qu’ils a soufflées dans les rangs de l’ensemble.

«Une promotion sociale»: c’est ainsi que Pierre-André Combremont décrit son intégration officielle dans L’Avenir, à l’âge de 16 ans. Il avait alors trois ans de solfège et d’apprentissage de la musique derrière lui, sous la houlette de Luis Rovira, qui dirigeait la fanfare. «Apprendre à jouer avec lui, c’était formidable, mais je n’en ai pas suffisamment profité. Je l’ai regretté par la suite, mais on ne se rend pas compte de tout ça quand on est gamin», raconte l’Yverdonnois, âgé aujourd’hui de 81 ans. Depuis, Pierre-André Combremont a bien rattrapé son retard, lui qui maîtrise des centaines de morceaux sur le bout des doigts. Alors qu’il égrène ses souvenirs dans le salon de sa maison yverdonnoise, le voilà qui tire soudain un cornet d’une petite valise noire. «La trompette, c’est à peu près pareil, mais plus allongé», explique le mélomane, qui sait tirer des notes de cinq cuivres différents.

Au moment de rejoindre L’Avenir, l’adolescent s’était vu confier un bugle. «Ils distribuaient les instruments en fonction des besoins», raconte aujourd’hui l’octogénaire. Cette «entrée dans le monde des adultes», il s’en souvient comme si c’était hier: «L’Avenir, ça a été très important, surtout dans ma jeunesse.» En 1954, l’année où il est venu garnir ses rangs, l’ensemble avait 35 ans d’existence. Il était né en 1919 sous l’impulsion de musiciens du Corps de musique – la formation a été dissoute en 2005, cédant le titre de fanfare officielle de la ville à L’Avenir l’année suivante  – frustrés de ne pas pouvoir participer au défilé des travailleurs du 1er mai, après que leurs responsables avaient refusé de s’associer à cette journée. Pierre-André Combremont, tout comme son père avant lui, a toujours été très attaché à cette «fanfare ouvrière», lui qui vient d’une famille de cheminots.

 

Fanfare tournée vers la modernité

Très vite, L’Avenir a rythmé sa vie de jeune homme. «Notre local se trouvait dans la salle de gymnastique Pestalozzi, tout en haut, sous les toits. Il y a dix jours, je suis passé dans le coin et j’ai vu qu’elle avait été démolie. Ça m’a fichu un coup», glisse-t-il. Les représentations – une vingtaine par année – l’ont conduit à sillonner les rues de la Cité thermale. «À l’époque, on avait l’obligation de donner des concerts dans les quartiers pendant l’été car la Commune nous accordait un soutien financier.» La musique l’a également porté bien plus loin que le Nord vaudois, comme ce jour de 1967 où il s’est produit à Interlaken (BE), pour l’inauguration d’un grand magasin: «Les organisateurs voulaient limiter le nombre de musiciens mais on a voulu tous y aller, y compris les majorettes. On s’y était rendus à 50!» Une année plus tôt, des majorettes et une batterie anglaise étaient en effet venues se greffer aux musiciens, à l’initiative d’un membre de L’Avenir qui avait puisé son inspiration en Grande-Bretagne. «La première fois qu’ils ont défilé avec nous, ça a été la révolution à Yverdon», sourit Pierre-André Combremont. En 1973, un groupe de minorettes – des petites majorettes – sera également créé. Au plus fort, la fanfare a compté jusqu’à 60 fillettes et jeunes femmes dans son sillage, jusqu’à ce que les deux groupes soient dissous, au milieu des années 1990.

À l’aube de l’inauguration du cinquième uniforme de l’histoire de L’Avenir, qui sera dévoilé samedi (lire encadré), Pierre-André Combremont se souvient avec émotion du jour où la fanfare avait présenté sa deuxième tenue, en 1950. Son aîné Francis, déjà membre de l’ensemble, avait eu l’insigne honneur de jouer les mannequins devant le public. «Il y avait toute une mise en scène car il fallait créer un effet de surprise. Un homme était passé devant le rideau avec l’ancien uniforme puis mon frère, qui avait une certaine prestance, était arrivé avec le nouveau, raconte le retraité. Je n’en pouvais plus d’orgueil et d’impatience de pouvoir bientôt le revêtir à mon tour!» Là aussi, la formation avait su regarder vers le futur: «La casquette était de style anglais, c’était très novateur!»

 

Rappel des troupes

Si Pierre-André Combremont a quitté L’Avenir dans les années 1970 pour rejoindre la fanfare de l’Armée du Salut, il reste très attaché à l’ensemble yverdonnois. «J’ai toujours laissé un petit coin de mon cœur avec vous autres, qui m’avez initié à la musique de cuivre», a-t-il écrit à ses responsables, qui l’ont invité, comme d’autres anciens, à se produire avec eux lors d’un concert-anniversaire en décembre prochain. Si sa santé le lui permet – une altération de l’ouïe l’empêche de jouer depuis quelques mois – il compte bien remonter sur les planches avec eux à la fin de l’année. «Depuis bientôt septante ans, je n’ai pas cessé de souffler dans un bugle, une trompette, un cornet, occasionnellement un alto, et un baryton. C’est dire combien la fanfare compte dans ma vie. Cette invitation me va donc droit au cœur.»

 

Week-end festif

Pour marquer son 100e anniversaire, L’Avenir a prévu un programme de fête, ce week-end. Demain soir, la fanfare organise un grand loto à La Marive, à Yverdon-les-Bains (20h). Le lendemain, dès 8h, un Concours des solistes et petits ensembles aura lieu au collège Léon Michaud avant un moment très attendu. Dans l’après-midi, les nouveaux uniformes seront en effet dévoilés, l’ensemble ayant décidé de faire peau neuve pour marquer son siècle d’existence. L’inauguration aura lieu sur la place Pestalozzi, agrémentée, dès 15h, par les prestations de L’Avenir et de la fanfare L’écho du Chêne, de Pampigny. La partie officielle est prévue à 16h25 avant un cortège, à 17h30, suivi d’une soirée de gala à La Marive. Dimanche, L’Avenir organise le 49e Giron des musiques du Nord vaudois, avec des prestations prévues à La Marive (dès 8h20) et un concert des sociétés (11h). La journée se terminera par un concours de marche, à 16h, qui verra défiler les sociétés aux Rives du Lac.

Auteur
Communiqué / La Région

Publié le
2.5.2019