« Notre foi est le moteur de nos vies »

« Notre foi est le moteur de nos vies »

Les lieutenants Nathalie et Nicolas Riard expliquent leur travail au Poste de Sierre dans un article du Journal de Sierre.

Nicolas et Nathalie Riard ont succédé à Giovanni et Ruth Catalanotto depuis plus de trois ans comme officiers de l’Armée du Salut à Sierre. Le couple évoque son travail alors que les festivités de Pâques se poursuivent aujourd’hui par un chemin de la Passion, œcuménique.

En 2005, l’Armée du Salut avait détaché un couple d’officiers, Giovanni et Ruth Catalanotto pour démarrer l’implantation d’un poste (c’est-à-dire d’une paroisse) à Sierre. Après une dizaine d’années où le couple ne s’est pas économisé et a propagé la bonne nouvelle avec des célébrations festives, un nouveau couple a pris le relais il y a plus de trois ans déjà. Nicolas et Nathalie Riard sont originaires de Tramelan, dans le Jura bernois, ils sont parents de quatre enfants. Dans leur jeunesse, tous deux ont baigné dans la communauté salutiste. À Tramelan, l’Armée du Salut est active. «Je me suis toujours sentie bien à l’Armée du Salut, grâce à cette double dimension spirituelle et sociale», explique Nathalie Riard. En 2013, le couple décide de s’engager totalement en suivant une formation de deux ans à plein temps à Bâle. A Sierre, les deux officiers se complètent: Nathalie prêche tout en poursuivant sa formation théologique à distance tandis que Nicolas, formé en relation d’aide chrétienne, prend soin de l’aspect social de leur mission. Il est d’ailleurs aussi vice-président de Sierre Partage. Actif, attentif, sans langue de bois, le couple évoque son travail à Sierre.

 

Est-ce que l’Armée du Salut correspond à un besoin à Sierre?

Nicolas Riard: Oui. C’est important de rejoindre les gens là où ils sont et en fonction de leurs besoins. La création du groupe «amitié pour les 60 et+» en est l’exemple. Depuis la fermeture de la cafétéria de la Migros, de nombreux retraités ne savent plus où se retrouver. Une dizaine de personnes se réunissent désormais dans nos locaux tous les quinze jours les jeudis après-midi. Nous proposons des échanges, des conférences, des sorties…

Nathalie Riard: Nous commençons nos rencontres par une prière ou un passage de la Bible, je ne le cache pas. Mais ça n’empêche pas que ces rencontres sont ouvertes à tous, nous ne faisons pas de prosélytisme. Le Psaume 23 verset 1 est le même pour tous, non?

 

Les Valaisans sont-ils méfiants?

Nathalie Riard: Un peu encore. Certains se demandent si nous ne sommes pas une secte! En Valais, l’église catholique reste importante. La région de Tramelan, d’où nous sommes originaires, est protestante, il y a moins de méfiance, l’Armée du Salut y est installée depuis 1884! Evidemment nous nous sentons ici minoritaires mais nous essayons de mettre ensemble ce qui nous est commun. Notre foi au Christ est la même.

 

Vos cultes du dimanche sont décontractés…

Nathalie Riard: C’est notre manière de les vivre. Tous les dimanches sont différents car nous ne suivons pas de rituels précis. Il y a notamment de la louange au goût du jour, un message biblique avec des aspects pratiques et un buffet à la fin de la rencontre. Nous ne pratiquons pas l’eucharistie, mais nous le vivons sous forme de communion fraternelle en partageant un buffet canadien.

 

Combien de personnes y participent?

Nathalie Riard: Nos célébrations le dimanche soir sont fréquentées en moyenne par trente à quarante personnes. Sinon durant la semaine, il y a pas mal de passage dans nos locaux, que ça soit pour participer à une activité, demander de l’aide sociale ou simplement boire un café! Une dizaine de bénévoles sont engagés pour nous aider à faire vivre la communauté.

 

Comment vivez-vous votre foi?

Nicolas Riard: Croire et agir. Concrètement, aimer son prochain pour nous, c’est offrir un café, aider à traverser une route, prendre du temps pour expliquer à une dame âgée comment utiliser son smartphone. Je peux donner une partie de mon temps, je suis là pour écouter. Nous vivons une période très individualiste et consumériste. On prend, on jette. C’est la période dans laquelle nous vivons. C’est un peu pareil pour la foi. Mais je remarque qu’il y a une soif de spiritualité. J’exprime simplement ce que je vis et ce que la rencontre avec le Christ a changé pour moi.

Nathalie Riard: Ma foi est le moteur de ma vie! Autour de moi, je constate qu’il y a une perte de confiance dans les institutions. En réponse à cette méfiance, je pense que les églises doivent être authentiques et se remettre en question. Je ne dis pas que je sais ce qu’il faut faire. Je crois que tout le monde peut avoir accès à Dieu, comme moi. Je n’ai pas plus accès à lui que d’autres… Il faut que les gens vivent leur foi dans la communauté qui leur ressemble. Le but c’est qu’ils soient bien. Je ne vis pas la présence de différentes communautés chrétiennes comme une concurrence.

 

À Sierre, rencontrez-vous de la précarité?

Nicolas Riard: J’ai remarqué que de plus en plus de personnes passent au travers des mailles du filet social et cela m’interroge. En Valais, il n’y a qu’un seul endroit où il est possible de passer la nuit quand on n’a plus de chez soi, Chez Paou offre quatre lits seulement…

Auteur
Isabelle Bagnoud Loretan, Le Journal de Sierre

Publié le
24.4.2019