« Garde-moi vivant ! »

« Garde-moi vivant ! »

© Corinne Gossauer-Peroz / Droits limités

Trois extraits du nouveau livre de Corinne Gossauer-Peroz.

En marche !

Nous marchons tous,
mais le but demeure éloigné.
Tous les jours, le courage est déployé,
la détermination aussi.

« Il faut toujours dire que ça va »
affirme cet homme depuis son fauteuil.
Continuer à avancer
pour ne pas partir à la dérive,
un jour de grosse fatigue.

Nous marchons tous,
rassemblant nos propres forces
et celles que les aimés en nos cœurs
nous procurent.
Aimés si souvent disparus…
Défunts si présents.
Aimés qui ont atteint le but.

Mystérieuse communion
d’un peuple en marche*.
Tous passants…

* « Ainsi donc, nous aussi, qui avons autour de nous une telle nuée de témoins, rejetons tout fardeau et le péché qui sait si bien nous entourer, et courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les regards fixés sur celui qui est l’initiateur de la foi et qui la mène à son accomplissement, Jésus » (Hébreux 12,1-2a)

 

***

La formule de Marceline

Je frappais à la porte de sa chambre.
l’appareil diffusant l’oxygène offrait ce bruit habituel,
celui avec lequel elle vivait.
La télévision était la compagne des heures parfois longues.

C’était un jour difficile,
Le corps et l’esprit étaient las, les ressources manquaient.
Marceline était une battante.
Elle trouvait dans l’art et la lecture, des fenêtres pour s’envoler intérieurement.
Et oublier le bruit de l’appareil à oxygène.

En ce matin difficile, je visitais Marceline.
J’avais l’habitude de conclure notre échange en lui lisant un texte biblique
ou quelques réflexions spirituelles.
Elle posait parfois des questions sur la foi, sur la souffrance
et la présence de Dieu…

Alors que je feuilletais un livre,
essayant de trouver ce qui correspondait au mieux,
Marceline me dit d’un ton ferme mais affectueux :
« Lisez-moi quelque chose de glorieux ! »

Non, Marceline, n’était pas femme à se lamenter.
Elle voulait commencer cette journée dignement.

Ne me demandez pas ce que j’ai lu, ce matin-là.
Je sais seulement que cette demande s’est inscrite
au plus profond de mon cœur.
J’y ai trouvé, pour mes jours sombres, une formule de résilience.
Comme un secret pour continuer à avancer…

 

***

Prier, c’est aimer

« C’est ma vie d’aujourd’hui et je prie pour mes enfants » confie pudiquement un père à sa fille.
Seigneur, dans ma vie d’aujourd’hui,
je prie.

Je m’adresse à Toi et je te parle comme à un ami.
Comme il est bon d’ouvrir
mon cœur sans peur.
Car tu sais tout de moi*.
Tu comprends mes moindres soupirs…

Dans ma vie d’aujourd’hui,
je te prie pour mes enfants.
Quand j’étais un jeune père
happé par ma vie professionnelle,
je n’ai pas su, je n’ai pas vu…
J’étais ailleurs…

En vieillissant, j’ai compris
que mon amour peut se dire en priant pour eux.
Je les place sous ta protection
et te demande de les bénir.

Prier pour eux et leurs enfants,
c’est une autre manière de leur dire
qu’ils sont chers à mon cœur.

Prier, c’est être utile.
Prier, c’est aimer.

* « Seigneur, tu regardes jusqu'au fond de mon cœur, et tu sais tout de moi » (Psaume 139,1).

 

Textes extraits de « Garde-moi vivant ! », paru en août 2020, Editions St-Augustin

Auteur
Corinne Gossauer-Peroz

Publié le
2.11.2020