Opération charme pour les magasins de seconde main

Opération charme pour les magasins de seconde main

© Sébastien Goetschmann / Libre de droits

Les magasins de seconde main, dont les brocki.ch de l'Armée du Salut, rajeunissent leur image.

Trouver un article insolite ou vintage, éviter le gaspillage: les brocantes et autres magasins de seconde main attirent un public grandissant. Leur image et leur clientèle ne sont toutefois pas tout à fait les mêmes des deux côtés de la Sarine.

Tongs, chapeaux, lunettes de soleil, bottes en plastique: les visiteurs du Paléo pouvaient trouver ces articles de seconde main et bien d'autres sur le stand de l'Armée du Salut. L'organisation chrétienne était présente sur la plaine de l'Asse pour la seconde fois avec son Brocki'Truck.

« Nous voulions montrer une autre facette de l'Armée du Salut, pas seulement l'image chrétienne », a expliqué à Keystone-ATS Jakob Amstutz, responsable des Broki, les magasins de seconde main de l'organisation.

 

Pas la même clientèle
L'idée de participer à un événement en Suisse romande n'était pas totalement désintéressée. Les magasins de l'Armée du Salut y rencontrent en effet moins de succès qu'Outre-Sarine. « Nous souhaitons y développer notre réseau de magasins et les établir comme alternatives aux établissements bon marché », indique M. Amstutz.

Le directeur de la Croix Bleue, Didier Rochat, fait le même constat : « En Suisse romande les clients des magasins de seconde mains sont des personnes à faible revenu. Les établissements sont plutôt vus comme des distributeurs d'articles usagés bon marché. » En Suisse alémanique, en revanche, ils attirent une clientèle plus aisée.

 

Nouveau concept
La Croix bleue suisse exploite quatre magasins, 23 autres sont gérés par des antennes régionales. L'Armée du Salut dispose actuellement de 20 filiales dans toute la Suisse, dont cinq en Suisse romande. Selon M. Amstutz, cinq à dix points de vente supplémentaires sont prévus dans les dix prochaines années.

L'Armée du Salut prépare d'ailleurs un nouveau concept pour ses Brocki pour les années à venir. Pour cela, elle a même engagé des conseillers professionnels, comme l'a révélé le journal Handelszeitung la semaine passée. « Il est important, avec une présentation de produit attrayante, de s'éloigner d'une image poussiéreuse. Il est ainsi possible de gagner de nouveaux clients », explique M. Amstutz.

Il ne craint d'ailleurs pas la concurrence venue d'internet, comme « tutti.ch » ou « nimms.ch », d'autant plus que le chiffre des ventes par Brocki atteint près d'un million de francs par an. « Le Brocki comme univers de la seconde main et la relation personnelle séduisent les clients », souligne M. Amstutz. Par contre, sur internet, la vente rapide de biens demande souvent un effort considérable aux gens.

 

« Objets uniques »
Même son de cloche pour Hervé Dobler, directeur de l'organisation d'entraide chrétienne Hiob : « Dans nos brocantes, vous trouverez des objets uniques que personne d'autre ne possède. » On peut aussi y examiner de près des articles utilisés. Les chasseurs de bonnes affaires peuvent même aller chercher des objets uniques sur le site en ligne des brocantes.

Pour presque chaque article, il y a un acheteur. Les seules à mal se vendre sont de grandes armoires sombres. « Il est difficile de croire tout ce qui est collecté », explique M. Dobler. Les articles multimédias sont très demandés surtout les magnétophones et les cassettes audio « particulièrement recherchées par les enseignants de maternelle », selon M. Dobler.

Les magasins de seconde main et les brocantes ne manquent par ailleurs pas d'imagination. Des journées à thème, des présentations de livres et même des cours sur des sujets tels que « Shabby-chic » ont lieu dans ces magasins dépoussiérés.

 

Composante sociale
À la « Bärner Brocki », dans le quartier de la Lorraine à Berne, des gâteaux et autres délices peuvent être dégustés au « Café Wohnzimmer » et des après-midi d'histoire pour enfants y sont organisée. Le magasin est géré par la Fondation GEWA pour l'intégration professionnelle.

Une partie des recettes de nombreux magasins de seconde main et de brocantes est d'ailleurs reversée à des institutions et des projets sociaux. Ils participent aussi à des programmes d'emploi pour des personnes en réinsertion sociale. Par exemple, en plus de ses 180 employés, les Brockis de l'Armée du Salut emploient de 50 à 70 personnes, qui proviennent de l'ORP, de l'AI, ou qui perçoivent une aide sociale. (ats)

Auteur
ats

Publié le
25.7.2018