L’Armée du Salut est prête à ouvrir son Accueil familles

L’Armée du Salut est prête à ouvrir son Accueil familles

Cette prestation unique démarre le 30 octobre déjà à l’abri PC de Pâquis-Centre, Genève. Pour une durée de six mois, sept jours sur sept.

Ce n’est pas encore une ouverture à l’année, mais c’est déjà la moitié du chemin parcouru. Six mois, soit la durée d’exploitation du lieu d’hébergement d’urgence destiné aux familles dans le besoin et aux mineurs non-accompagnés. Six mois, contre les trois des deux premières éditions. Pour se donner bonne conscience? Ce n’est pas exactement le style de la maison. A l’Armée du Salut, qui impulse pour la troisième année consécutive ce projet occupant l’abri de protection civile de Pâquis-Centre, situé sous le préau de l’école, on agit d’abord par nécessité.

Un vide à combler en matière de prestation inconditionnelle, sans attendre les grands froids, car il n’existe toujours pas de politique sociale digne de ce nom pour les sans domicile fixe à Genève, et ce malgré le travail acharné mené par les coordinateurs de l’ombre au sein du réseau social. La preuve par l’Accueil de nuit (ADN), géré par cette même Armée du Salut dans les baraquements en bois du chemin Galiffe. Trente-huit lits, pas un de plus, dont douze places pour les femmes et les familles.

Chaque soir ou presque, on refuse du monde au portail. Jusqu'à 20 personnes, certains jours. ce lundi à 20h, le petit Alberto (moins de deux ans) est le premier à entrer avec ses parents. Une heure plus tard, le veilleur fait le décompte: il lui reste trois chambres libres chez les hommes; c'est plutôt inhabituel comme la météo de la semaine, au beau fixe estival.

 

Le week-end, on innove

Pour soulager cet hébergement à flux tendu, on ouvre donc Pâquis-Centre du 30 octobre au 30 avril 2018. C’est une excellente nouvelle, qui en cache une autre: «Le samedi et le dimanche, nous offrirons un accueil libre hors sous-sol dans les locaux de la Croix-Rouge, au 66, rue de Monthoux, annonce la responsable de l’ADN, Valérie Spagna. En discutant avec la Ville et le Canton, nous avons réussi à mettre sur pied cette collaboration qui nous permettra de sortir des murs de l’abri, tout en corrigeant la rupture du week-end, puisque les familles profiteront d’une prestation complète du vendredi à 17 h jusqu’au lundi matin à 10 h.»

A quoi s'ajouteront, cerise sur le gateau social, deux repas communautaires le samedi et le dimanche à midi, en plus de ceux préparés chaque soir par l'équipe et les bénéficiaires. A Pâquis-Centre, on continuera à cuisiner ensemble comme on l’avait fait, pour la première fois, l’hiver dernier. Une dynamique positive à reconduire, cette préparation des repas en commun débordant du cadre strict de ce qui, à l’usage, expérience partagée, est beaucoup plus qu’un simple lieu de répit.

 

Promiscuité bienveillante

Pour l’investir à nouveau, il faut des équipes. Une quinzaine de personnes, recrutées – elles le sont – pour occuper successivement les postes d’accueillants, d’auxiliaires et de veilleurs; pour distribuer les produits d’hygiène et œuvrer de concert, sur fond de promiscuité bienveillante. Ultime défi avant l’ouverture: donner un supplément de charme à ces espaces qui se ressemblent tous par la couleur des murs et l’éclairage au néon. Le mobilier de seconde main, provenant des brocantes du Lignon et des Eaux-Vives, exploitées par l'Armée du Salut, fera l’affaire.

L’aide à la parentalité sera assurée par le Service de la petite enfance de la Ville et son éducateur dépêché, chaque jour de 17 h à 20 h. Quant à la vocation humanitaire, elle reste la même, indéfectiblement: «Nous sommes la porte d’entrée pour ceux qui ne savent pas où aller, des familles sans domicile, des grands mineurs sans parents, insiste Valérie Spagna. Ils arrivent chez nous totalement démunis, accompagnés souvent par l’Unité mobile d’urgence sociale (UMUS).»

Coût de l’urgence pour six mois? «Le montant total du budget s’élève à 536 000 francs, répond Agnès Wahli, la directrice des institutions romandes de l’Armée du Salut. Le financement est en majeure partie assumé par nos soins, en collaboration avec la Ville de Genève, le Canton et les fondations privées.» A noter enfin que l’abri des Vollandes et celui de Richemont, dépendant tous les deux du dispositif hivernal de la Ville de Genève, ouvriront officiellement à mi-novembre.

 

Appel aux dons

On peut les verser sur le CCP: 30-263102-3/ Mention Accueil familles 2017-2018. Par ailleurs, l’Armée du Salut cherche encore des bénévoles pour son Accueil familles. Les personnes intéressées peuvent écrire à accueildenuit@armeedusalut-ch

Auteur
Tribune de Genève, le 10.10.2017

Publié le
11.10.2017